On le voyait venir : la spectaculaire victoire diplomatique du tandem Alger-Tunis qui s'est concrétisé cette semaine par l'ouverture du dialogue avec le pantin Haftar et la quasi neutralisation de la Turquie et tout ceci dans l'objectif d'éviter qu'une seconde Syrie ne se reproduise pas en Libye ne pouvait rester sans réponse : c'est depuis le Mali que la France, les Etats-Unis et Cie ont donc déclaré la guerre à l'armée algérienne. Après tout cette armée algérienne qui continue à dire "non" à l'Empire, qui a un esprit trop indépendant, qui mènent des manœuvres militaires d'envergure avec la Russie au mépris des offres de l'OTAN, qui fabrique ses missiles et ses drones, qui n'a cessé de faire échec aux manœuvres de déstabilisation de l'axe US/Israël en direction de la scène intérieur, devait tout ou tard être attaquée.
Ce lundi, les médias mainstream ont rapporté avec délice et non sans une certaine satisfaction une attaque-suicide visant l'ANP sur les frontières maliennes. Une garnison militaire dans le sud de l’Algérie a été prise pour cible et s'est soldée par la mort d’un soldat algérien. L'attentat n'a pas été revendiqué et le modus operandi occidental trop connu, le nom de Daech risque de tomber dans quelques heures.
Le ministère algérien de la Défense a signalé que l'attentat terroriste à la voiture piégée s'est produit dans la zone frontalière de Timiaouine, près du Mali mais que les unités de l'armée ayant été bien alerte ont réussi à le repousser. «Un détachement de l'Armée nationale populaire (ANP) a été la cible, dans la zone frontalière de Timiaouine, à Bordj Badji Mokhtar en 6e région militaire, d'un kamikaze à bord d'un véhicule tout-terrain piégé. Aussitôt identifié, le militaire chargé du contrôle de l'accès est parvenu à mettre en échec la tentative d'entrée en force du véhicule suspect, cependant le kamikaze a fait exploser son véhicule, causant le décès du militaire en faction», a précisé le texte sans relever que l'explosion a été très puissante et qu'elle a été entendue à distance.
Le président Abdelmadjid Tebboune a présenté ses condoléances à l'armée de son pays et à la famille du soldat tué. Saïd Chengrïha, chef d'état-major de l'armée algérienne, a salué la vigilance des militaires en repoussant l'attaque qu'il a qualifiée de lâche. Il a aussi fait part de sa détermination à combattre le terrorisme et à poursuivre les criminels pour protéger la stabilité du pays.
S'agit-il d'un avertissement et d'une réponse en bonne et dure forme à cet avertissement? Visiblement. Selon les analystes, l'attaque du 9 février est survenue au moment où l'Algérie réussit un coup de maître dans le règlement des crises régionales, en Libye et affirme son rôle au Sahel mais surtout forme un front avec la Tunisie pro-Résistance voisine pour dire non à Israël, aux Etats-Unis et à leur Deal du siècle. Ceci étant dit, l'avertissement US/France/Israël a tourné bien court, ce qui en dit long sur les capacités de l'armée algérienne à surprendre.
Dans un discours ce 9 février lors du sommet de l'Union africaine à Addis Abeba, le président algérien a salué «les initiatives prises récemment pour développer les stratégies de lutte contre le terrorisme au Sahel, tant au niveau militaire que sur le plan politique, économique et diplomatique». «Nous sommes résolus à continuer à apporter notre pierre à l'édifice du processus de paix et de réconciliation nationale au Mali et à œuvrer à la levée des obstacles susceptibles d'entraver l'application de l'Accord de paix de 2015, issu du Processus d'Alger», a-t-il ajouté. Sur son sol, l'Algérie n'est pas épargnée par les terroristes. Le dernier attentat suicide contre des forces algériennes remonte au 31 août 2017. Deux policiers algériens avaient péri lorsqu'un kamikaze avait déclenché ses explosifs en tentant d'entrer dans un bâtiment de la police à Tiaret, à 350 km au sud-ouest d'Alger. Daech avait revendiqué l'attentat.